FRANÇAIS



 

 

L'HISTOIRE DU JOURNAL "LE VINGTIEME SIECLE". Par Jorge Arnanz.

Le Vingtième Siècle était un journal belge de catholicisme conservateur né le 6 juin 1895. Bien qu'il s'inspire de l'encyclique Rerum Novarum et du catholicisme social, le journal ne peut être considéré comme le fonctionnaire de la Ligue démocratique. L'un de ses fondateurs était Georges Augustin Helleputte, également connu sous le nom de Joris Helleputte, né à Gand le 31 août 1852 et mort à Louvain le 22 février 1925 (72 ans), architecte, ingénieur de Ponts et Chaussées, professeur d'université et homme politique belge membre du parti catholique. Après avoir étudié les sciences humaines à l'Athénée royal de Gand et formé à l'Université d'État de Gand de 1868 à 1873, dont il est diplômé en tant qu'ingénieur-architecte des ponts et routes en 1874, il est nommé professeur de l'école et ingénieur de l'Université catholique de Louvain.



Le Journal Le Vingtiéme Siècle



Joris Helleputte


Il développe également une carrière parallèle d'architecte-constructeur de 1874 à 1896, ainsi qu'une activité politique et culturelle au sein d'associations flamandes telles que les Davidsfonds, dont il est président, et le Boerenbond.

Il a réalisé une œuvre construite qu'Eugène De Seyn décrit comme une œuvre d'une valeur architecturale remarquable. Son travail d'ingénieur est également de grande qualité et Helleputte est appelé à la présidence des Congrès internationaux de navigation intérieure et maritime. C'était un représentant du style néo-gothique qu'il traitait de manière originale, mêlant brique et bois. Il est nommé ministre d'État en 1912. Il est le beau-frère de François Schollaert, dont la sœur Louise Schollaert s'est mariée.

Joseph d'Ursel était un autre des fondateurs. Second fils de Léon, cinquième duc d'Ursel (1805-1878), et sa deuxième épouse, Henriette d'Harcourt, devinrent, après la mort de son frère aîné et de celui de son père, le sixième duc d'Ursel. Il avait épousé Antonine de Mun en 1872, sœur du comte Albert de Mun.




Joseph d'Ursel


Il fut conseiller provincial d'Anvers (1878-1885), puis gouverneur de la province du Hainaut (1885-1889) et maire de Hingene (1878-1903). Il fut gouverneur du Hainaut lors des grèves de 1886. Impressionné par ces événements, il s'intéressa, comme son beau-frère Albert de Mun, aux questions sociales. En ce sens, il rédige en 1895 un pamphlet, Politique Sociale, dans lequel il s'inspire, notamment, des idées de Frédéric Le Play. Entre autres, il a défendu l'amélioration des conditions sociales des travailleurs par le biais du contrat de travail.

Arrivé à l'âge requis, il entre au Sénat en 1889 depuis le quartier de Malines, en remplacement d'Arthur de Beughem de Houtem, décédé. Membre de la commission des relations extérieures du Sénat, puis membre de la commission de l'industrie et du travail, il fut élu président du Sénat en 1899, poste qu'il occupa jusqu'à sa mort prématurée en 1903.

Enfin, Athanase de Broqueville était le frère du Premier ministre belge Charles de Broqueville. Ce dernier, sans être strictement l'un des fondateurs, est activement impliqué, comme en témoigne la longue correspondance avec Helleputte à ce sujet.

 

 
     
Athanase et Charles de Broqueville

Le journal se vendait très peu. Uniquement l'aide volontaire de Charles de Broqueville, également de son beau-père, le baron Alfred d'Huart. Né le 30 avril 1839 à Achêne et décédé le 10 avril 1927 à Bruxelles, avocat et homme politique belge. Il était le fils d'Édouard d'Huart, gendre de Jules Malou, père d'Albert d'Huart et beau-père de Charles de Broqueville et de Camille de Briey, et quelques grands aristocrates ou bourgeois qu'ils connaissaient ont permis de le sauver à la fin de l'année. Les relations du rédacteur en chef Fernand Neuray avec le duc d'Ursel étaient parfois très mauvaises.



    
Baron Alfred d´Huart 



Fernand Neuray


Neuray était l'un des grands noms du journalisme belge dans la première moitié du XXe siècle; il fréquenta Georges Clemenceau. En 1914, il est rédacteur en chef de ce journal Le Vingtième Siècle et collabore avec l'abbé Norbert Wallez puis, au printemps 1915, Neuray lance au Havre une version néerlandaise du Vingtième Siècle intitulé Het Vaderland (La Patrie). En mars 1918, il fonde et dirige La Nation Belge. Tous ses projets d'édition ont été financés par le comte Charles de Broqueville, ancien Premier ministre.

Ses chroniques artistiques dans La Nation Belge le suivent alors qu'il travaille pour la "bonne vieille indépendance belge", "assumée et rajeunie" par son neveu René Hislaire, qui après lui, a dirigé La Nation Belge, dit Fernand Demany, dans La Chasse aux Canards: souvenirs du journalisme. En 1934, sa mort lors d'un voyage en Grèce est suivie d'un enterrement quasi national.

Quoi qu'il en soit, il y avait beaucoup de tension entre Fernand Neuray, le baron Alfred d'Huart et Athanase de Broqueville.

Le Vingtieme Siécle était un journal influencé par Rerum Novarum, le texte inaugural de la doctrine sociale de l'Église catholique. Inspirée par les réflexions (notamment les travaux de l'Union de Fribourg) et l'action des «chrétiens sociaux», l'encyclique, écrite avant la montée de la question sociale, condamne «la misère et la pauvreté qui pèsent injustement dans la majorité des la classe ouvrière ainsi que le «socialisme athée». Il dénonce également les excès du capitalisme et encourage ainsi le syndicalisme chrétien et le catholicisme social. Le journal a également été fondé sur le catholicisme social, un courant de pensée qui a été à l'origine de de nombreuses créations. Sa naissance en France est traditionnellement liée à la fondation en 1871 des "Cercles des ouvriers catholiques" et de "l'Union des ouvriers catholiques" par Albert de Mun et Maurice Maignen. L'expression "catholicisme social" fut adoptée plus tard, vers 1890, et depuis lors elle a couvert des réalités très diverses, mais la définition donnée aux semaines sociales françaises de 1919 à Metz, par Eugène Duthoit, peut être adoptée: un mouvement qui tend à diriger toutes les initiatives privées, à orienter les lois, les institutions, les coutumes et les revendications civiques vers une réforme fondamentale de la société moderne selon les principes chrétiens. Tout ce qui a été greffé dans ce courant de pensée ne peut être dénombré et trop de personnes peuvent être qualifiées de «catholiques sociaux», mais les étapes de son histoire aux XIXe et XXe siècles révèlent une évolution des approches et une grande fécondité dans l'accomplissement. Son existence est antérieure à 1871.

A l'époque d'Hergé, le siège du journal était situé au numéro 11 du boulevard Bischoffsheim, appelé à l'origine, jusqu'en 1883, boulevard de l'Observatoire, boulevard important de Bruxelles. Le boulevard relie la place Surlet de Chokier à la rue Royale. Il fait partie de la petite ceinture bruxelloise, créée à partir de 1824 par Jean-Baptiste Vifquain pour remplacer les murs historiques du XIVe siècle détruits sous le règne de Napoléon. Il doit son nom initial au premier observatoire bruxellois de l'autre côté du boulevard et son nom actuel au banquier et homme politique Jonathan-Raphaël Bischoffsheim.





Le quartier du boulevard Bischoffsheim où se trouvait Le Vingtieme Siecle.



Le siège du Vingtieme Siecle, boulevard Bischoffsheim à Bruxelles, 1930.



L'ancien observatoire de Bruxelles.



Boulevard Bischoffsheim, à l'époque du Vingtieme Siècle de Wallez, près du siège du journal.


Le journal est imprimée en France à partir d'août 1914 au Havre. Dès l'occupation de la Belgique.





A partir de la semaine suivante, le XXème Siècle devient un hebdomadaire paraissant le dimanche et imprimé à Paris. Le nom du directeur n'est plus indiqué.

En 1917, le directeur est déjà Fernand Neuray, comme le montre le journal sous le titre:




Fernand Neuray parait le directeur depuis au moins 1914.

17 novembre 1918, la guerre est finie, toujours un hebdo imprimé en France, mais le retour du quotidien s'annonce:






...dès le lendemain, le 18 novembre 1918 le XXème Siècle est de retour à Bruxelles !




     
   


Le nom du nouveau directeur apparait à la une le 5 décembre 1918.
Charles Tytgat, qui lance un feuilleton sur cette même première page, avec ses propres chroniques écrites pendant la guerre.










DIFFÉRENTES COUVERTURES DU JOURNAL DÈS LE DÉBUT.

1895




1896



1897




1898



1899


1911



1915


1917



1918




Outre le siège social le plus connu à l'époque où Hergé travaillait au journal, le boulevard Bisschoffheim, le journal avait plusieurs sièges depuis sa création comme on le voit sous le titre des différentes éditions du journal depuis sa fondation et tout au long de son existence. Il semble qu'au début il a commencé à être publié au numéro 16, rue Montagne aux Herbes Potagères. En 1898, une nouvelle adresse apparaît: 29, rue Lebeau. En 1899, il s'installe rue de la fourche 42, en 1911, il déménage Impasse de la Fidelité, 4; Il semble que depuis la première guerre mondiale le "quartier général" a été déplacé au Havre, il est diffusé dans cette ville et à Paris et n'est même publié que le dimanche. En 1918, il a été publié à Paris, au numéro 3, Place des deux-Ecus.


En 1924, un énergique Norbert Wallez, un prêtre diocésain, a commencé à diriger le journal. Né à Hacquegnies le 19 octobre 1882, il est prêtre catholique belge et journaliste.


Étudiant à l'Université catholique de Louvain, ordonné prêtre en 1906, il a travaillé comme professeur à l'École supérieure commerciale et consulaire de Mons, Belgique. La Première Guerre mondiale a interrompu sa carrière. Il a enseigné après la guerre au petit séminaire Bonne-Espérance et à l'école de commerce de Mons. En 1924, sur ordre du cardinal Mercier, il prend la direction du journal catholique conservateur Le Vingtième Siècle, influencé par Charles Maurras avec qui il entretient une correspondance constante, avec Léon Daudet.


Cardinal Mercier



Norbert Wallez



Wallez et Hergé

1,90 mètre de haut, 110 kilos de poids. Antisémite, disciple du maréchal Foch et admirateur de Mussolini, qu'il a vu lors d'un séjour en Italie en 1923, il sympathise avec les idées du fascisme italien et imagine, dans un livre publié la même année, une fédération entre la Belgique et la Rhénanie, une idée qu'il défend devant la Fédération wallonne des étudiants de Louvain.


Un éclaireur du nom de René Wevebergh tente de convaincre le père Wallez d'embaucher un Hergé inconnu pour n'importe quel poste.

René Weverbergh (qui était libraire sous la bannière de La Librairie Coloniale) était le Scout-Master de Saint Boniface tout en accumulant les fonctions de Commissaire de District des Collèges au sein des Scouts catholiques belges pour la région bruxelloise et le directeur du Boy Scout, le magazine officiel des scouts catholiques.




René Wevebergh

C'est donc, en quelque sorte, René Weverbergh qui a été le premier à croire suffisamment au talent du jeune Georges Remi pour tenter sa chance et le publier.

Ayant eu l'occasion d'apprécier les qualités graphiques de Georges Remi, il le présenta en 1922 à l'équipe d'illustrateurs qui réalisa Le Boy-Scout. Il signe sa première illustration dans le numéro du 1er mai 1922 du Boy-Scout, sous le nom de G. Remi S.B (S.B. comme Saint-Boniface).

Plus tard, en juillet 1926, Hergé publie sa "première" bande dessinée dans "Le Boy-Scout": "Totor, CP des Hannetons". Les aventures de cet ancêtre de Tintin seront publiées jusqu'en juillet 1929.

Sur les pages du Boy Scout, René Weverbergh a signé la rubrique Le vieux scout. D'où son surnom. En 1925, René Weverbergh devient journaliste pour le journal catholique "Le Vingtième Siècle" et incarne à nouveau les bons génies d'Hergé. C'est sur sa recommandation que le père Wallez engagea Georges Remi pour le journal où il occupa divers postes subalternes avant de commencer, après son service militaire en 1927, sa véritable carrière de dessinateur.






Dans une certaine mesure, on peut dire que c'est grâce à l'exploration que Georges Remi est devenu Hergé. En fait, ce sont les publications scoutes qui lui ont offert la possibilité, à travers la publication de ses dessins, de montrer son talent de dessinateur et ainsi de le faire connaître. En 1927, Hergé illustra 5 panneaux d'un roman édité par René Weverbergh aux Editions de la Librairie Coloniale: «L'Ame de la Mer» de Pierre Dark (pseudonyme d'un autre camarade scout d'Hergé)

Hergé, qui avait déjà publié ses premières bandes dessinées dans Le Boy Scout Belge, attire l'attention de l'abbé, même s'il sera d'abord en charge du service d'abonnement pendant un certain temps (un travail ennuyeux pour Hergé) et plus tard, à son retour du service militaire, comme assistant. de photograveur. Mais Wallez lui donne la chance de publier les premières illustrations dans le journal et dans le magazine Votre Vingtieme Madame.

En 1928, Hergé devient directeur d'un nouveau supplément jeunesse appelé Le Petit Vingtième.




Premier numéro du Petit Vingtieme

Les étagères qui bordent son bureau de rédacteur en chef du journal catholique Le Vingtième Siècle abritent des livres religieux (un peu) et politiques (beaucoup). Norbert Wallez a un faible pour Charles Maurras, un penseur d'extrême droite. Dans son bureau, face au visiteur, une photo de Mussolini. Avec cette dédicace: "A Norbert Wallez, ami de l'Italie et du fascisme". Les connaisseurs datent l'image de 1924, peu après l'arrivée au pouvoir du "Duce".


Charles Maurras

C'est dans ce fauteuil que prend place le jeune Georges Rémi, plus connu sous le nom d'Hergé. Il n'a que 20 ans. L'abbé a vu dans le journal cet employé du service d'abonnement qui a un coup terrible ...




Hergé à sa table de travail à la fin des années 1920.

Le premier numéro est sorti le jeudi 1er novembre 1928. Il se composait de 4 pages de journaux pliées.

Hergé, n'a aucun moyen de promouvoir et de produire "Le Petit Vingtième". Il travaille dans un tout petit bureau, situé au premier étage, près d'un escalier de service.

Il n'a personne pour l'aider, il n'a pas de budget et il lui manque beaucoup de temps. En effet, il continue de produire de nombreux dessins pour illustrer la vie quotidienne et son supplément littéraire "Le Vingtième Siècle artiste et Littéraire" (illustrations d'histoires, portraits historiques, architecture, frises décoratives, douilles, etc.). Il conçoit également pour "Le Boy Scout Belge" et continue de dessiner des couvertures de livres.

Le 28 juillet 1930, le "Petit Vingtième", au vu du succès obtenu, passe de 8 à 16 pages avec l'arrivée de 2 nouveaux personnages (Quick et Flupke).

Après avoir illustré pendant 10 semaines une histoire qui l'ennuyait, écrite par un éditeur sportif nommé Armand De Smet (L'extraordinaire aventure de Flup, Nénesse, Poussette et Cochonnet), Hergé crée, le 10 janvier 1929, son propre personnage: Tintin, et l'envoya, sur les conseils de Wallez (qui n'avait pas les «bolcheviks» dans son cœur ... loin de là), au pays des Soviétiques. C'est là que commence vraiment la véritable aventure du "Petit Vingtième", ainsi que celle de Tintin!

L'ÉQUIPE DE "LE PETIT VINGTIÈME"

Paul Jamin alias Jam fut l'un des premiers collaborateurs d'Hergé, à l'époque du "Petit Vingtième" et du "Soir Jeunesse".

Il est né le 11 août 1911 à Liège (Belgique). Fils d'apothicaire et professeur de dessin, il étudie en France et en Belgique. Boy Scout, designer et éditeur, engage Jamin ou J. ou Jam. Lui et Hergé se sont rencontrés à l'Institut Saint-Boniface. Il dessine sa première bande dessinée complète en 1930-1931: "La Belgique à travers les âges" dans le "Boy Scout Belge".

Au début de «Petit Vingtième», les couvertures étaient faites par Hergé et son premier collaborateur était Évany. Lorsque ce dernier dut partir pour l'armée, Hergé recruta Paul Jamin en mars 1930, qui resta avec lui jusqu'en 1936. Pendant six ans, son nom se retrouve partout sur les pages du «Petit Vingtième»: il signa la section "Que se passe-t-il", écrit-il "Oncle Jo's", et de nombreux articles comme "Le mystère de Tintin", sans parler de dizaines d'illustrations de contes. Il a également fait de nombreuses reprises (plus de vingt).

Il est apparu sur de nombreuses photos et a parfois été caricaturé par Hergé dans Les Exploits de Quick et Flupke.



Paul Jamin dans les années 1930

L'influence de Paul Jamin sur "Le Petit Vingtième" ne doit pas être sous-estimée. Trop d'analystes de l'époque assimilaient cet insert pour les jeunes à Hergé, mais il ne faut pas oublier que c'est Jamin qui a parrainé la naissance de Quick et Flupke et a été l'inspiration de leurs innombrables gags. Il y a plus à dire à ce sujet: au moins un biographe d'Hergé souligne, en conclusion, que c'est grâce à Jamin que des personnages comme les Dupont et Dupond n'ont pas disparu des aventures de Tintin. Hergé voulait les éliminer, mais Jamin a réussi à le convaincre de ne pas le faire.

En 1936, Jamin décide de quitter Le Petit Vingtième pour suivre Léon Degrelle. Il devient illustrateur et dessinateur pour l'organe de presse du parti rexiste: "Le Pays Réel".

Bon élève de l'abbé Wallez, Jamin n'était pas à l'abri du charme des idées du Nouvel Ordre. Il n'est donc pas étonnant qu'en 1936 il quitte Le Petit Vingtième pour rejoindre Le Pays Réel, le journal de combat de Rex et de son flamboyant chef, Léon Degrelle. Jamin et Degrelle sont devenus amis pour la vie. Jamin a publié une série de dessins animés dans "Le Pays Réel" sous le pseudonyme de "Jam".

A noter que Rex, à l'époque, était un jeune mouvement politique encore très proche de l'aile droite du pilier catholique et de l'Action catholique. Ce n'est que lorsque le cardinal Van Roey a estimé que voter pour les listes de Rex était un péché que le mouvement est tombé en marge ("Il essaie de me faire chier", a déclaré Degrelle).

Mais Jamin est toujours resté fidèle à Degrelle. Même lorsque ce dernier a approché l'occupant allemand pendant la Seconde Guerre mondiale. Jamin appartenait à des cercles du Nouvel Ordre qui étaient encore "belges". Jamin croyait, comme le roi Léopold III et son entourage ailleurs, que le salut pouvait venir d'une nouvelle Europe sous domination allemande. Aux yeux de Jamin, il fallait essayer de tirer le meilleur parti de cette situation. "Jam" ne se contente pas de "Pays Reel" seul, mais dessine également ses caricatures cinglantes pour "Le Soir" (alors sous contrôle allemand), pour "Le Nouveau Journal" (de Robert Poulet) et pour "Brüsseler Zeitung". On ne saurait trop insister sur le fait que les contributeurs du "Nouveau Journal" de Poulet étaient convaincus qu'ils préconisaient une "politique d'accommodement" avec les nationaux-socialistes, avec l'approbation du palais de Laeken.

 

C'est dans le journal Le Soir, alors sous le contrôle de l'occupant allemand, qu'il fonda Hergé en 1940 pour la production de "Soir Jeunesse". Jamin a écrit, entre autres, des éditoriaux sous le nom de Monsieur Triple Sec et des articles sous le nom d'Alfred Gérard.

Pendant la période d'occupation, il a également produit de nombreuses caricatures politiques en couverture du quotidien "Le Soir".

Après l'entrée des troupes britanniques à Bruxelles en septembre 1944, Jamin est arrêté et condamné à mort. Il s'est échappé du peloton d'exécution mais n'a été libéré qu'en 1952. Il a repris sa carrière de dessinateur sous le pseudonyme "Alidor" dans les colonnes du journal satirique "Pan". Les personnalités politiques Achiel Van Acker, Paul-Henri Spaak, Théo Lefebvre et Gaston Eyskens étaient les principaux dirigeants des Turcs. "Alidor" a également réalisé des créations pour "Standaard", "De Vlaamse Linie" et "Trends".

EVANY était l'autre collaborateur important d'Hergé à ces débuts. De son vrai nom Eugéne Van Nijverseel, il fut le premier assistant d'Hergé. Il travaille avec le créateur de Tintin entre 1929 et 1931, encrant les épisodes de «Tintin au Congo» et les gags «Quick et Flupke» parus dans Le Petit Vingtième. Il a également illustré plusieurs couvertures de ce supplément au Vingtiéme Siècle. Il reprend également le personnage de Totor dans Le Boy Scout Belge et crée une nouvelle série de gags de février à juillet 1930.

Pendant son service militaire en 1931, Evany a créé sa propre bande éphémère Zim et Boum pour le magazine catholique pour enfants Petits Belges et sa partie flamande Zonneland. Il continue à faire des pages de contes illustrés classiques pour des magazines jusqu'en 1937. Bonne Presse-Averbode publie un livre «Zim et Boum» en 1937.




Hergé en compagnie du rédacteur en chef André Fernez, de son secrétaire Marcel Dehaye et de son premier assistant Eugène van Nijverseel alias Evany.

Au lancement du magazine Tintin en 1946, Evany devient directeur du Studio Lombard, le studio d'art qui fournit les illustrations éditoriales. Les artistes qui ont travaillé sous sa direction étaient Tibet, Craenhals, Funcken et Macherot. Il était également responsable des dessins. Van Nijverseel était également peintre.

Pendant ce temps, Wallez a été informé d'une baisse des ventes du journal, avec une chute de tirage. L'homme d'Eglise voit deux remèdes pour faire le plein: tourner toute la ligne éditoriale du journal vers la droite et multiplier les suppléments. Le lundi est féminin. Le dimanche, arts et divertissements. Et le jeudi, c'est la fête des enfants: le Petit Vingtième est né.

Après un an d'essais au sein du supplément jeunesse, Wallez convoqua Hergé une nuit de décembre 1928. Avec des spécifications précises pour que le supplément décolle, raconte Germaine Kieckens, qui n'était alors que secrétaire amoureuse de l'abbé: «Il le poussa à créer une histoire d'un adolescent et d'un chien, à l'esprit missionnaire, vertueux et catholique, dans laquelle je n'avais pas besoin d'insister tant était son influence sur le caricaturiste. l'énergie créatrice n'est ni Benjamin Rabier (pionnier de la bande dessinée européenne), ni Georges Remi, mais Norbert Wallez.

Lorsque Jamin a disparu de ses collaborations avec Hergé, un autre dessinateur est entré en scène, le remplaçant et collaborant avec Remi: il s'appelait Jean Vermeire, illustrateur belge, correspondant de guerre et collaborateur nazi pendant la Seconde Guerre mondiale. Malgré ses antécédents douteux pendant et après la guerre, il a joué un rôle modeste dans la culture de la bande dessinée belge à venir en tant que dessinateur derrière la société Jiv. Il dessine Les Aventures de Mr. Ding (1936) pour Le Petit Vingtième et Les Aventures de Mr. Bob (1940-1941) pour Le Pays Réel.

Né en 1918, il est l'un des illustrateurs du Petit Vingtième. Il fait partie de la rédaction d'Hergé après le départ de Paul Jamin (Jam) en 1936. Jiv est responsable d'un grand nombre d'illustrations, ainsi que d'un dessin animé pantomime intitulé «Les Aventures de M. Ding» (1936 ). Au cours de cette période, il se lie d'amitié avec Léon Degrelle, l'un des journalistes du magazine et fondateur du Mouvement catholique-fasciste Rexiste de Belgique en 1935.


Pendant l'occupation nazie de la Belgique (1940-1944), Vermeire a travaillé comme journaliste et correspondant de guerre pour le journal rexiste Le Pays Réel. Il était responsable d'articles et de reportages militants, et a également supervisé le supplément hebdomadaire jeunesse du journal Le Magazine. De plus, Jiv était responsable de l'une des deux séries de bandes dessinées du journal. "Bob's Adventures" (novembre 1940-mars 1941) parlait d'un détective qui devait résoudre le meurtre d'un certain Dr Erskin. Au cours de leur enquête, les deux tueurs ont également tenté à plusieurs reprises de tuer Bob, en vain. L'autre bande dessinée était «Boulou et l'Aventure», signée par Tiboir et Badour. Vermeire a ensuite rejoint la collaboration de la Légion wallonne, qui a servi sur le front de l'Est. Vermeire a gravi les échelons jusqu'à devenir capitaine. À son retour en Belgique, il a commencé une association avec les SS. Degrelle l'envoya à Berlin comme ambassadeur rexiste pendant la dernière année de la guerre. Vermeire a également supervisé l'association de propagande Deutsch-Wallonische Arbeitsgemeinschaft (Communauté de travail germano-wallonne). Il a été condamné à mort mais a été libéré en 1951, mourant finalement en 2009.




Dessin de Jiv



Jean Vermeire



Germaine au Vingtiéme Siècle

Qui a demandé à Hergé en 1928 de dessiner un personnage avec un chien dans le journal? Wallez. Qui a demandé de créer vos propres histoires dans Le Petit Vingtième et de soumettre votre personnage dans «Bolchevik»? Et pour toute la documentation, il glisse entre les mains de son protégé le livre Moscou sans Voiles, d'un ancien diplomate belge revenu dégoûté du pays des Soviétiques. "Sur cette base, j'étais sincèrement convaincu que j'étais sur la bonne voie", a défendu le dessinateur dans les années 70. Il insiste sur le contrôle exercé par l'abbé sur son jeune collaborateur, 25 ans.

Conservateur dans ses idées, Wallez possède tous les atouts du marketing. C'est lui qui organise en 1930 le retour triomphant d'un vrai-faux Tintin, sur la recommandation de Charles Lesne, qui apparaît alors comme membre de la rédaction, à la gare du Nord à Bruxelles. Un garçon blond, un pot de gelée, des bottes rouges, un costume vaguement russe, un aller-retour Cologne-Bruxelles (pour faire semblant d'arriver de Moscou) et le tour est joué. Le grand enthousiasme du public, plusieurs milliers de personnes réunies pour voir l'imposteur, renforce l'homme d'affaires en soutane dans sa conviction que Tintin a un bel avenir. Tout le contraire d'Hergé, qui n'y voit qu'un fantasme agréable qui l'occupe avant que son agence de publicité ne commence avec succès.




Charles Lesne


Hergé parmi la foule attendait également son héros l'arrivée du pays des Soviétiques. Année 1930.

Wallez a immédiatement lancé un abonnement à son journal, promettant des albums dédicacés aux premiers entrants. Les 10000 exemplaires, un tirage considérable pour l'époque, ont été épuisés en quelques jours. Officiellement, les éditions Vingtième Siècle ont imprimé l'album. En réalité, Wallez, qui facture les abonnements sur son compte bancaire personnel, a sous-traité l'entreprise à un imprimeur spécialisé, celui de son journal calibré uniquement pour les journaux au format XXL. Il proposa à Hergé une répartition à 50% des droits d'auteur, et le jeune homme ne bougea pas, remerciant même l'abbé dans une dédicace d'avoir conduit le reporter à la bouffée "dans les fonts baptismaux".

"Vous avez peut-être tenu compte du fait que lorsqu'un employé crée quelque chose, sa création appartient à son entreprise", suggère Jean-Claude Jouret, juriste spécialisé dans le bégaiement de marchandises à l'époque. "Wallez avait réussi à repositionner la série dans les journaux en France, au Portugal, etc. Il était presque devenu leur agent. "Quand Tintin revient du Congo, il fait pression pour offrir un objet d'art congolais aux 500 premiers acheteurs de l'album au kiosque de la Gare du Nord à Bruxelles, où Tintin fait son retour triomphant pour la deuxième fois.

Cependant, les interventions de scénarisation sont limitées au strict minimum. Il est vrai que nous avons la trace directe d'un commentaire sur Tintin au pays des Soviétiques, où Wallez déplorait que Tintin ait perdu du temps face à l'adversité. Nous ressentons également leur influence dans l'hommage aux missionnaires Tintin au Congo. Et même dans l'épisode américain plus neutre, la critique du capitalisme et de la mécanisation vient aussi de l'abbé alors que tout ce qu'Hergé voulait était de dessiner des Indiens.

Mais il n'était pas sur l'épaule d'Hergé pour lui rappeler toutes les deux pages de la présence bienveillante du Seigneur. Il a compris que ce qui marchait avec les enfants, c'était les aventures, les gags, cette façon moderne de raconter des histoires que nous n'appelions toujours pas la bande dessinée, si Tintin l'était seulement le reflet de l'idéologie des années 30, il ne serait pas lu dans le monde aujourd'hui.

  Wallez joue avec brio les agents littéraires, mais aussi, plus inattendu, les agents matrimoniaux. L'homme de l'Église avait décrété au début des années 1930 que tous les contributeurs de journaux devaient être mariés, et que les derniers célibataires devaient se comporter mieux: soit trouver une âme sœur dans le journal, soit prendre la porte.

Pour René Verhaegen, ce sera la porte (mais une victoire au tribunal du travail des années plus tard). Pour Hergé, ce sera l'anneau à son doigt ... après des années de parade nuptiale, et l'ordre de l'abbé pour que sa secrétaire se conforme. «C'est l'abbé qui a suggéré tout cela», confie Germaine Kieckens.

Elle était la secrétaire de l'abbé, la première épouse d'Hergé, avec qui il était marié de 1932 à 1977. Ils se sont rencontrés alors qu'elle travaillait comme secrétaire pour l'abbé Norbert Wallez.

Au moment de sa naissance, les parents de Germaine étaient relativement plus âgés et, ayant perdu un enfant plus tôt, ils étaient particulièrement surprotecteurs à son égard. Rousse qualifiée de "classe et populaire", elle a obtenu un poste de secrétaire chez Norbert Wallez. Admirant énormément son patron, avec qui elle s'est élevée en tant que figure paternelle, elle a embrassé ses convictions politiques fascistes. C'est dans les bureaux du journal qu'Hergé, qui y travaillait comme illustrateur, se réunit en 1928.


 

Mariage d'Hergé et Germaine en 1932.



Le supplément dont Germaine était la directrice.

Kieckens a été nommé directrice de Votre Vingtième Madame, un supplément pour les femmes dont Hergé a dessiné la couverture à plusieurs reprises. Elle a également commencé à écrire des articles pour Le Petit Vingtième sous le pseudonyme Tantine.

En 1929, sur recommandation de Louis Picard, aumônier général de l'action jeunesse catholique belge, Wallez engage le jeune Léon Degrelle. À la suite d'une controverse dans le journal, Wallez a été renvoyé en 1933 par le cardinal Van Roey, qui a été archevêque de Malines de 1926 jusqu'à sa mort, et a été élevé au rang de cardinal en 1927. Il était une figure importante de la résistance catholique au nazisme en Belgique. En raison de ses convictions fascistes, Wallez a été nommé professeur de religion au collège de Tournai. Puis, à sa demande, il est responsable de la petite paroisse d'Aulne-Gozée.




Cardinal Van Roey

En 1930, Hergé accompagna Germaine à la maison presque tous les soirs, même s'il exprima peu d'intérêt romantique pour lui à l'époque. Au lieu de cela, il voulait un homme plus âgé ou plus mature, comme l'abbé lui-même. Wallez encourage néanmoins les deux à nouer une relation, et une nuit à la Taverne du Palace a indiqué à Hergé qu'il serait intéressé par une relation. Wallez a encouragé ses employés à se marier et un jour, il leur a ordonné à tous de trouver un conjoint. Après la publication des Pais de los Soviets, les 500 premiers exemplaires ont été numérotés et signés par Hergé grâce à la signature de Tintin, Germaine signe comme Milou.

Le couple, qui n'a jamais eu d'enfants, vécut apparemment heureux jusqu'au début des années 1950. On a beaucoup spéculé sur les problèmes de coexistence, on a même dit (sans trop de fond, tout est dit) que les personnages de Peggy (épouse du général Alcázar) ou de Castafiore elle-même évoquent, d'une certaine manière, les comportements de Germaine depuis le point de vue d'Hergé.

La coexistence du mariage s'est détériorée de telle manière que, Hergé en proie à plusieurs épisodes de dépressions nerveuses, dont un excès de dévouement au travail est allégué comme cause, le mariage entame une crise finale à partir de 1958 qui se termine par une rupture définitive en 1960. Cette rupture est causée par la romance secrète que Georges entretenait depuis 1956 avec la séduisante Fanny Vlamynck, jeune coloriste des Hergé Studios, embauchée quelques mois plus tôt.

Sa fréquentation avec Germaine a duré quatre ans et son processus de divorce pendant dix-sept ans, il l'a obtenu en 1975. Bien que pendant cette période, ils aient maintenu une coexistence cordiale. En effet, ils ont continué à partager leur chalet à Céroux-Mousty pendant les week-ends. Germaine est décédé à l'âge de 89 ans en octobre 1995, sans comprendre comment Tintin était devenu un mythe de la bande dessinée, alors qu'il reconnaissait le talent d'Hergé et que son soutien à son travail était toujours inconditionnel (comme dernière curiosité, l'idée du nom de Haddock doit lui être attribuée).


Le tout-puissant abbé tombe de son piédestal un an après le mariage des Rémis. Le ministère des Travaux publics le fait crucifier pour sa croisade contre la construction d'un canal. Noyés dans le scandale, on a envoyé l'abbé en retraite anticipée pour entreprendre la réparation d'une ruine. L'une des trois abbayes cisterciennes de Belgique.

Hergé a immédiatement menacé de partir et exigé une augmentation de salaire en représailles. Ce dernier souligne le sentiment de reconnaissance d'Hergé, qui s'est contenté d'un salaire réduit pour le poste de dessinateur vedette au journal pendant des années. Malgré cette loyauté, le lien se desserre un peu entre l'apprenti et le professeur: Hergé parvient à retrouver les droits sur ses albums. Non sans que l'abbé ait tenté, comme une bonne limace, de gratter 1 000 albums à un tarif préférentiel à Casterman, le nouvel éditeur. La manœuvre, pas très catholique, échoue.

S'il n'est plus rédacteur ou scénariste officieux, Wallez ne se désintéresse pas de Tintin, qui prend un virage humaniste avec Le Lotus Bleu et l'influence de Tchang, le jeune étudiant chinois, qui sensibilise l'auteur aux horreurs du Occupation japonaise. Pendant un temps, il a les Rémis à sa table chaque semaine. Il y a aussi un autre de ses protégés, Léon Degrelle, qui sera le champion de la collaboration made in Belgium. Georges et Germaine continueront à lui rendre visite à l'abbaye d'Aulne, pendant ses vacances, voire pendant la guerre, lorsque l'abbé embrasse la collaboration sans maquillage. Hergé y rencontrera un officier nazi chargé de la propagande en Belgique, qui lui laissera une excellente impression. A tel point que la rumeur persistante de la visite de Mussolini à l'abbé en 1943 circule dans la région.

Condamné à cinq ans de prison pour «crime de propagande» à Libération, harcelé, privé de ses droits civiques, Norbert Wallez le fait fuir. Sauf Rémi, qui viendra héberger le rare abbé à sa sortie de prison, malade. Dans une de ses dernières lettres, l'homme de l'Église, brisé, signera son ancien parrain à l'adresse d'un couple qu'il a formé et qui sera détruit quelques années après sa mort, en 1952.

Arrêté en septembre 1944 pour collaboration, il est incarcéré à Charleroi, puis, suite à une première instruction, envoyé en résidence surveillée à l'abbaye de Soleilmont. En juin 1947, le Conseil de guerre le condamna à quatre ans de prison, à une amende de 200000 francs et à la suppression de ses titres, grades, fonctions et charges publiques. La peine fut même prolongée à cinq ans, par arrêt du tribunal militaire de mars 1948. Transfert à la prison de Namur, puis à Saint-Gilles, il fut reçu par les Sœurs de la Charité de Gand dans l'un de leurs établissements situé près de Namur, où il mourut le 24 septembre 1952.

C'est lui qui engagea Georges Remi, qui n'était pas encore Hergé, puis en 1927 il lui confia la direction du supplément jeunesse Le Petit Vingtième, et lui fit créer le personnage de Tintin.

À la suite du limogeage de Wallez, William Ugeux, qui allait devenir une figure majeure de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, a été nommé responsable du journal. Il en resta le rédacteur jusqu'en 1940.




William Ugeux, dernier directeur de Le Vingtième Siècle

Cette même année, l'invasion allemande de la Belgique a enterré ce journal historique, berceau de l'un des plus grands personnages de la bande dessinée mondiale.




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